Zoom sur la ronce commune : un attracteur de biodiversité et un producteur de fruits excellents pour la santé.
De quoi piquer notre curiosité, n’est-ce pas !?
Arbrisseau ligneux et « épineux » vivace très commun dans les régions tempérées, la ronce commune produit des fruits comestibles, les mûres riches en vitamines, fibres et antioxydants ! Et vous pourriez bien être surpris par la diversité d’animaux auxquels il fournit le refuge et le couvert.
En avant pour en apprendre un peu plus sur ce mal aimé des jardins et des forêts !
Le nom de la ronce
La ronce commune est aussi appelée ronce ligneuse, ronce des bois ou ronce des haies.
Elle appartient à la famille des Rosacées. Son petit nom latin, Rubus fruticosus, lui est donné par Linné en 1753.
« Ronce » vient du latin rumex, rumicis qui veut dire « dard », en relation avec les aiguillons (et non des épines) présents sur les rameaux. Rubus est rattaché à Ruber « rouge » pour la couleur du fruit. Fruticosus signifie « en arbrisseau, buissonnant, plein de rejetons ».
Description
Sa souche aérienne produit chaque année des rejets. Ces tiges feuillées de plusieurs mètres s’enracinent par marcottage puis développent l’année suivante de nouvelles tiges florifères qui forment des fourrés appelés ronciers.
Aiguilles ou épines ?
Les tiges portent des aiguillons, acérées et recourbés, issus de poils épidermiques très développés qui se lignifient. Il est facile de détacher l’aiguillon d’une branche de rosier lors de la préparation d’un bouquet. Il en est de même pour la ronce. Un aiguillon est formé à partir des cellules superficielles de l’épiderme alors qu’une épine a une origine plus profonde. Une épine est un organe transformé (feuille, stipule…) et elle contient des tissus conducteurs de sève. Ainsi, alors qu’il est facile de retirer les aiguillons d’un rosier ou d’une ronce, il est impossible de retirer une épine sur un robinier ou faux-acacia.
Une feuille et une fleur typique de Rosacée
Les feuilles, typiques des rosacées sont alternes pétiolées, stipulées (appendices insérés à la base du pétiole), composées palmées, à 3-5 (7) folioles ovales, denticulées et acuminées (terminées en pointe).
Les fleurs, de 20 à 30, hermaphrodites, blanches ou blanc rosé sont regroupées sur une inflorescence dite corymbe ou cyme. Elles ont 5 sépales et 5 pétales, schéma classique pour une rosacée et des étamines nombreuses, aux filets minces et blancs et aux anthères jaunes. Le stigmate est bilobé, les styles blanc verdâtres à roses et les carpelles nombreux sont libres.
Les drupéoles d’une polydrupe
Le fruit rouge de 1 à 3 cm de diamètre devient noir bleuâtre à maturité, vers septembre, et plus tôt cette année ! C’est un fruit composé de l’agrégation de petites drupes, ou drupéoles, adhérentes au réceptacle floral conique, en emportant une partie quand on les cueille, ce qui les distingue du framboisier.
Au service de la régénération des sols
Le roncier, muni d’un système racinaire particulièrement dense, mais aussi grâce à ses nombreuses tiges et à sa végétation serrée, ralentit le ruissellement des eaux de pluies.
Il protège ainsi le sol de l’érosion.
De plus, l’importante végétation qu’il produit, en se décomposant, va participer également à l’élaboration d’un humus stable, améliorant considérablement la qualité du sol.
Des arguments protecteurs !
Les ronciers bardés de leurs aiguillons offrent refuge à une diversité d’animaux.
La pie grièche écorcheur utilise le roncier pour faire son nid dans les entrelacs d’épines et pour se poster à l’affût. Et plus étonnant, elle épingle ses proies sur des épines de ronces ou d’aubépine !
La présence du tarier pâtre est conditionnée à la présence de quelques ronciers. Un seul buisson peut suffire à le fixer sur un territoire.
La fauvette pitchou s’associe souvent avec le tarier pâtre. Nichant au cœur de la végétation dense (broussailles, buissons, ronciers), elle a un champ de vision limité. Le tarier sert alors de guetteur.
Si les oiseaux sont liés aux ronciers, les mammifères ne sont pas en reste. Ainsi, le hérisson et le muscardin, y abritent leurs nids et les sangliers ou les renards viennent parfois se cacher à ses bordures.
Notre tour d’horizon peut s’étendre à la couleuvre verte et jaune qui sait en faire un abri privilégié.
Un garde-manger apprécié
Par les oiseaux, mammifères et insectes
La floraison du roncier s’étend sur plusieurs mois (de mai à juillet).
Le pollen et le nectar à disposition pendant cette longue période font de cette plante vivace un indispensable pour les abeilles ou autres pollinisateurs… eux-mêmes nécessaires à la survie d’autres espèces (dont l’Homme…).
Ses feuilles et ses fruits constituent une autre source de nourriture pour de nombreux animaux. La ronce est la plante hôte de chenilles d’une diversité de papillons (le bombyx de la ronce, le minime à bande jaune, la petite violette, le nacré de la ronce, etc. Aliment de base pour chevreuils et cerfs, il est également occasionnellement consommé par les renard, putois, fouine, marte et blaireau. Pour compléter le tableau, ajoutons encore loirs et lérots et replaçons ici les muscardins : ces trois espèces de petits mammifères trouvent un garde-manger de choix dans ce même végétal.
Ses fruits seront matures de juillet à octobre, selon la variété, le climat, la région, le sol ou encore l’exposition. Ils vont alors produire des mûres. Le fruit est fort apprécié par de nombreux oiseaux, comme les rouges-gorges ou les merles. Les mûres sont des éléments de choix pour les oiseaux frugivores et qui se chargent de la dissémination des graines. Elles peuvent devenir vitales pour de nombreux oiseaux migrateurs : les fauvettes qui quittent le nord-est de l’Europe pour passer l’hiver dans des contrées plus clémentes s’en nourrissent quasi-exclusivement durant leurs étapes migratoires.
Les oiseaux trouvent également dans un roncier pas mal d’insectes (larves, chenilles ou adultes) à leur goût.
La pie grièche écorcheur, un oiseau en fort déclin en France, se sert carrément des ronciers, en accrochant ses proies aux épines de celui-ci, comme garde-manger pour les périodes de disette !
Par les humains
Les bourgeons (à la saveur fruitée et tanisée) et les pétales de fleurs sont comestibles crus (ajoutées aux salades de légumes ou de fruits pour les décorer), de même que les jeunes pousses de l'année, qui ont une saveur de noisette ou noix de coco, avec une note de framboise.
Leurs fruits sont consommés crus, seuls ou dans des salades de fruits, ou cuits en tartes, sirops, sorbets, gelées et confitures ou encore en alcool.
La mûre c’est bon pour la santé
La mûre est très riche en différentes formes de vitamine B (sauf B12) et vitamine C (plus de 30mg/100 g), à peine moins que l’orange (apport journalier conseillé en vitamine C : 110 mg pour les hommes et les femmes).
Riche en antioxydant elle aide votre corps à renforcer votre système immunitaire.
C’est également un anti-inflammatoire naturel, qui aide à soigner pharyngite ou angine, aphtes ou d’inflammation des gencives.
La mûre est encore un fruit idéal pour celles et ceux qui veulent améliorer leur digestion. Elle est composée à 70% de cellulose et d’hémicellulose (des fibres non solubles) et à 30% de pectines (des fibres solubles). Ses fibres vous aideront à mieux éliminer, et à améliorer le fonctionnement de votre estomac et de votre intestin, à favoriser un transit normal et confortable. Et ses propriétés diurétiques vous aideront à vous protéger des infections urinaires.
Ajoutons que la mûre est excellente pour la circulation sanguine. Ce sont ses substances flavonoïdes (notamment contenues dans la peau du fruit) qui apportent à votre corps des éléments dont il a besoin pour renforcer les vaisseaux sanguins. Ainsi, la mûre est bénéfique à votre santé cardiaque, mais également pour lutter contre les autres soucis circulatoires comme les varices.
Enfin, grâce à sa forte concentration en fer, elle est recommandée contre l’anémie.
Bref, les ronces sont là et ont leur place dans le grand arbre du vivant et leurs fruits dans notre assiette !